The Inspector Cluzo @ L'Aéronef
w/ Mr. Marcaille

6 octobre 2010, Lille

Ce mercredi, je suis à l’Aéronef sur le coup de 16 heures. Un peu tôt pour un concert de Rock me direz-vous. Quand les Rockers sont des nains avec des têtes d’anges qui portent fièrement un doudou, c’est que vous êtes à un goûter concert ! A cas où vous l’auriez oublié le mercredi c’est le jour des enfants. Attention, ce n’est pas le Club Dorothée, les marmots jouent dans la cour des grands. Laurent et Mathieu de The Inspector Cluzo annoncent la couleur en leur donnant une leçon de Rock’n’Roll. C’est « Une musique faite par des gens comme nous, un peu vilains et très sauvages ! », avec une recette très simple « Faire énormément de bruit ». Une excellente méthode académique avec la mise en œuvre par l’exemple pour susciter des vocations. Ce sont les parents qui vont être contents. Les mômes eux en raffolent. Ils hurlent et sautent partout pendant les 30 minutes du concert. Ils repartent heureux et bien énervés avec le poster du groupe dédicacé qui viendra ensoleiller leur chambre. Merci qui ?

Je retrouve les musiciens pour une interview où je souhaite recueillir leurs réactions sur l’actualité, puis je débarque de l’Aéronef. See you later alligator ! Au club, la première partie de The Inspector Cluzo, Mr. Marcaille balance : réglages et volées de bois vert ! C’est un One-Man-Band improbable, un bûcheron hirsute version Hell’s Angel avec un violoncelle et une double caisse.
Même endroit, 20 heures. Le club est bondé. Je me fraye un chemin parmi les lianes de spectateurs pour me rapprocher de la scène. « It’s a real nightmare ! ». J’ai une vision dantesque. Mr. Marcaille torse nu est noyé dans les lumières rougeoyantes qui se diluent dans les fumées et cette chaleur humide qui suinte de tout son corps. Hurlant dans son micro, il devient un guerrier sauvage qui traite son instrument comme une arme d’estoc. Sur chaque attaque d’archet, les brins cassés virevoltent autour du violoncelle avec une grâce sinusoïdale. A côté, le groupe Apolyptica passe pour des enfants de chœurs distillant de la variété ! Il termine son set exténué et en nage. Une averse de sueur macule son futal jusqu’aux genoux comme celui d’un enfant incontinent n’ayant pu se retenir. Il faut avouer que Mr. Marcaille est un artiste qui donne de sa personne.

Mr. Marcaille

Si le public s’est spécialement déplacé en nombre c’est pour découvrir ou revoir une tempête sonore au doux nom de Cluzo. Elle ravage la France, sans que les pouvoirs publics aient alerté du danger. Pourtant, il faut se méfier de ce phénomène météoRockologique, qui a la puissance du piment d’Espelette contenu sous un béret basque. Pas de bulletin de vigilance pour l’Aéronef. The Inspector Cluzo arrive sur scène sous les hurlements du public. Après un discours mettant à l’honneur la décentralisation et l’énergie de la province, « Empathy Blues » ouvre les hostilités, suivi par « The French Bastards » puis « Two Days ». L’inspecteur est un homme de principes auxquels il ne déroge pas. Le Rock doit être violent, provocateur, fort et dérangeant. Laurent est passé Grand Maître, dans l’art de la provoc’. Il invective le public en l’invitant à « Bougez comme un groupe de métal français de merde, Mass Hysteria par exemple ! » ou le punit en interprétant « Une chanson sur Carla Bruni ». Comme pour AC/DC, le set est carré et sans surprise ! Mathieu donne un cours de danse à d’heureux élus du public qui ensuite doivent hurler dans la langue de Shakespeare que les bassistes doivent se rapprocher de la population grecque afin de procéder à une opération délicate voire douloureuse qui se résume à « Fuck the Bass Player ». Avant d’inviter un maximum de personnes pour évaluer la solidité de la scène sur « The Inspector Cluzo », le duo interprète le funky « Do You Make it Right » et « Terminator is Black on is Back ». Laurent en parfait fan d’Angus et avec une parfaite dextérité se fend de quelques solos sur sa SG puis il rend un vibrant et concis hommage au grand Jimi en plaçant quelques accords de « Voodoo Child » sur « The Inspector Cluzo ». Malgré la force de la tempête Cluzo, la scène de l’Aéronef est encore debout, alors que la batterie est complètement démembrée. Elle va continuer sa route sur toute la France, les sinistrés ne seront pas dédommagés et le gouvernement va établir une carte des zones noires des salles de Rock ! Adichatz.

Vincent GILOT aka Le Guise
9 décembre 2010