En octobre 2006, mon pote Guillaume Enard, animateur de l’émission Factory sur Radio Campus et grand fan
devant l’Eternel de Sly & Family Stone, m’avait invité au concert de Fishbone au Grand Mix. Le groupe qui assurait
la première partie portait un nom bizarre, genre collage, un truc à rendre fou un bègue : Wolfunkind. "Répétez
après moi : Wolf – Funk – Kind". Ouais, peut mieux faire. Anyway ! J’ai encore l’agréable souvenir d’un cocktail
étonnant et détonnant où se mêlaient, sous une section de cuivre énergique et un jeu de guitare Heavy, le groove
de Parliament et la dérision de Frank Zappa. C’était un groupe qui revendiquait haut et fort, dans une période
de crise du disque et du téléchargement illégal, vendre ses disques à prix coûtant ! Un triple album pour seulement
8 euros. Qui dit mieux ?
C’était ? En effet, Wolfunkind is dead et c’est sur ses cendres encore chaudes que le phénix Inspector Cluzo naquit.
Nous y retrouvons le guitariste Laurent Lacrouts (Le sosie de Carlos sans les chemises hawaiiennes) et le batteur
Mathieu Jourdain (Comme Charlie Watts, toujours tiré à quatre épingles). Sous l’homonyme du célèbre inspecteur de
la panthère rose se cache un duo, dont nous pourrions bêtement penser qu’il ne représente qu’une nouvelle surenchère
dans la brèche des "Band à deux" (Inutile d’y chercher une quelconque homonymie graveleuse) dont les meilleurs
représentants sont The Black Keys. Non ! Alors que The Two Gallants sont dans le registre Punk Folk désertique,
Curry and Coco cuisinent un Electro Rock 80’s, The Inspector Cluzo, avec ce premier opus au titre éponyme, explore
efficacement la route de la fusion Rock Funk.
On ne s’étonnera donc pas de retrouver dès la première chanson Angelo Moore de Fishbone pour nous présenter cet
"Inspector Cluzo". Un riff accrocheur, un refrain dans la veine des Red Hot Chili Pepper et un groove
endiablé donnent d’emblée la mesure. Mais la surprise arrive avec "Change #1" au son très grunge dont
la voix profonde rappelle celle de Chris Cornell de Soundgarden. The Inspector Cluzo dévoile son jeu rapidement
en nous offrant dès la deuxième chanson, un tube en puissance. Mais c’est encore un as qui s’abat avec "Mad".
J’en ai le souffle coupé ! Nous avons droit à un titre qui possède l’énergie des Beasty Boys soutenu par une guitare
au son bien lourd, où les passages de chants quasi étouffés alternent avec d’autres violents et rageurs.
Insatiable ? "Do you want some more ?". Une invitation pour remettre le couvert avec l’ironique "Fuck the Bass Player"
avec cette fois-ci Norwood Fisher. Effectivement, avec The Inspector Cluzo, les bassistes peuvent aller se ... je ne vais
pas vous faire un dessin ! C’est le groove du Sly Stone qui s’invite sur "Do You Make it Right ?" appuyé par une
section de cuivre qui lui donne tout son volume. "Turtulututututu" (faut pas s’planter entre les lu et les tu),
une chanson à la cool qui se rapproche des arrangements de Cake mené par John McCrea, apporte une touche comique à cet
opus, renforcée par l’utilisation du Vibra Slap. Tout comme l’apologie de la bouffe diététique (sic) d’Outre
Atlantique sur "US Food" me fait bien marrer. Je doute que leur pizza "is a fucking good choice", mais en tout
cas les livreurs assurent un max. Que ce soit sur "Yourself" ou "Yuppie Way of Life Blues", nos deux
lascars ne ménagent pas leur force et leurs cordes vocales en offrant des morceaux énergiques et puissants avec des
refrains entêtants comme "Fuck Yourself to Forget Yourself", "One-two-three come on and check it out". L’album se
referme avec, en guise de cerise sur le gâteau, une superbe version acoustique très Blues de "Change".
Je vous préviens tout de suite : pendant que je rédige cette chronique, je suis encore en garde à vue avec l’Inspector
Cluzo et a priori elle risque de s’éterniser. Tant mieux !
Vincent GILOT aka Le Guise
28 septembre 2008