Triggerfinger

All this dancin' around

2011

http://www.triggerfinger.net

          


01. All this dancin' around
02. Let it ride
03. Love lost in love
04. I'm coming for you
05. All night long
06. Feed me
07. Cherry
08. My baby's got a gun
09. Without a sound
10. Tuxedo
11. It hasn't gone away

Dès que nous commençons à baver sur l’enseignement de la langue de Shakespeare, il y a toujours cette petite phrase, qui en guise de leitmotiv, revient en écho dans notre mémoire « My tailor is rich ». Je ne sais pas s’il existe un tailleur qui roule sur l’or à Anvers. Mais force est de constater que les musiciens de Triggerfinger apparaissent tirés à quatre épingles sur la photographie de leur troisième opus. Regardez moi cette coupe irréprochable ; il vous va comme un gant ; touchez moi cette qualité de tissus exceptionnelle ; du super 100’s en provenance directe de Londres. J’arrête là, sinon vous allez penser que je suis né dans le Sentier ! Néanmoins, j’ose décerner une mention spéciale pour Mario Goossens. Il chie la classe ! Franchement, il me faudrait une tonne d’inconscience aveugle pour oser provoquer les plus fines gâchettes du Royaume sans gouvernement de Belgique. Ils ont l’air de nous attendre pour un duel au soleil. Ca va chauffer !

L’écoute de All this dancin’ around nous enflamme comme une flaque de gazoline répandue sur l’asphalte brûlante. Après le souffle de l’explosion elle libère cette chaleur agréablement sulfureuse, sexuelle donc jouissive. Une bombe qui nous susurre tendrement à l’oreille « Encore ? ». Oh Cherry, tu sais parler aux hommes !

Enregistré au mythique Sound City Studio à L.A., les onze titres du successeur de What grabs ya ? nous brûlent l’épiderme. Il suinte de cet album, l’énergie solaire de cet ouest si lointain, un rêve au-delà de l’atlantique. La puissance du Rock sidérurgiste aux uppercuts Stoner envoutait What grabs ya ? comme sur « On my knees », « Camaro » ou « First taste ». Pour ce nouvel album, le trio anversois, tel un Thésée, s’est aventuré dans les entrailles profondes et torturées du Blues original. Magnétisé par une messe vaudou initiatique il en a touché la matrice. Ce nouvel opus en est le plus poignant témoignage. Ruben Block confirme l’incroyable palette de sa voix. Sur « I’m coming for You », l’éclatant guitariste devient un loup qui hurle son amour aux étoiles, alors qu’il puise dans ses tripes toute l’énergie de « Feed me ». Sur « All night long » nous sommes invités pour une ballade intime qui peut bien durer toute la nuit. Si Eve avait écouté Triggerfinger au lieu de ce con de serpent, elle aurait invité Adam à un plaisir bien plus agréable. Pour une pomme, ils se sont fait virer du jardin d’Eden. Avec « Cherry », Adam se serait délecté d’un fruit à la chair tendre dont le jus suave excite les sens. Sacré bonne femme ! Comme l’affirme, assez justement, Tuco Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez « Quand on tire, on raconte pas sa vie ». Mais est-ce que cela nous interdit de raconter des histoires de flingues ? Nous atteignons l’apogée de l’album avec une chanson qui se présente comme une version féminine de « Hey Joe ». Les rôles se sont inversés, now « My baby’s got a gun ». Un magnifique Blues tendu et asphyxiant.

Les princes de la gâchette dégainent devant nos regards médusés un All this dancin’ around, tellurique, puissant, aux riffs hypnotiques et destructeurs, qui nous emporte dans un maelström apoplectique. We are shooted !

Vincent GILOT aka Le Guise
15 Septembre 2011