The Experimental Tropic Blues Band @ La Péniche
26 octobre 2010, Lille
Il suffit parfois d'un petit message anodin pour vous recaler les neurones dans le bon référentiel spatio-temporel.
Une piqûre de rappel. Aujourd'hui, merde, c'est aujourd'hui que The Experimental Tropic Blues Band joue à la Péniche.
Lille n'est pas Brest, pourtant il tombe un grain à ne pas voir Recouvrance depuis la rue de Siam. Malgré un temps à ne
pas mettre un marin dehors, je mets le cap sur l'esplanade ! J'embarque sur la Péniche en imaginant que je suis l'invité
mystère du conseil d'administration organisé par Raoul Volfoni. Mais au carré, c'est les tontons Rockers que je retrouve
et ça va bastonner sévère. Parole du Guise !
Le batteur Devil dInferno m'explique qu'ils viennent de terminer une tournée d'une dizaine de dates en Espagne. Encore
quelques concerts, puis retour à Liège pour un repos bien mérité et bosser sur leur troisième album qui devrait voir le
jour courant printemps 2011.
Je comprends en descendant les escaliers, pourquoi celui qui na pas réservé sa place à temps doit arriver de bonne heure,
s'il ne veut pas rester à quai. La salle de concert, toute en longueur et basse de plafond, paraît étriquée et exiguë. Un
cercueil pour claustrophobe. Ce soir, encore, le panneau « Complet » viendra décorer la porte close. La péniche est bondée,
nous sommes des sardines, qui à défaut d'huile d'olive, vont plutôt baigner dans la sueur et la bière. Devil d'Inferno me
laisse entendre qu'il aime ces salles « chaudes et humides ». Une moiteur charnelle, sexuelle et tribale qui sent le stupre
et le Rock. Cela me rappelle cette vieille blague graveleuse. Vous savez comment on appelle le sexe d'une femme au
Portugal ? Non ! Pourtant, elle est connue. Une écluche car c'est là que passent les péniches. Une grosse péniche chaude et
humide. Let's Rockin' !
Les bruxellois de Driving Dead Girl assurent la première partie. Ils viennent de sortir leur deuxième album Don't Give a
Damn about Bad Reputation. Voici The Experimental Tropic Blues Band. Les fans d'outre quiévrain se sont déplacés jusquà Lille. Ils écoutent Expé, ils sont
stylés Expé, ils vivent Expé. Ce sont des écorchés vifs, chauds comme la braise. Dès les premiers riffs de « Hippidy Hop »,
le public se lance dans un mouvement corporel frénétique. Ca chauffe, le mercure explose sur « Cock-a-doodle-do », il
n'y a pas que les plumes qui volent dans le poulailler, les gars sont torse poil, les filles en soutien-gorge. Pas de demie
mesure, toujours à fond, c'est ça le public belge ! Les Blues senchaînent : « Gangrene Blues », « Goddam
Blues » et bien sûr la reprise quasi mystique de « Preaching the Blues » du Gun Club. Le public réclame en
vain « Boogie Downtown », mais les musiciens ne jouent plus ce vieux titre, en échange ils proposent « Bad Reputation »
ou encore ce nouveau titre, « Keep this Love », qui sonne très Far-West. C'est toi John Wayne ? La
surprise du set s'avère la reprise surprenante et improbable de « When I Saw Her Standing There » des Beatles.
Survolté par « Those Dicks » et « I dig you much and more », le public réclame et hurle « la bite électrique »
comme un enfant capricieux devant un stand de jouets. La bite électrique ? Je ne peux m'écrier que « Oh my God ! », même
s'il n'y a aucun rapport avec un sex toy bien dur, euh, bien sûr ! Si vous n'avez jamais assisté à ce spectacle, que dis-je,
cette expérience unique de l'histoire du Rock, ce magnifique outrage à l'ordre moral, une invitation à la débauche orchestrée
avec le doigté de Dirty Wolf, il faut absolument que je vous détaille ce phénomène qui tend à se raréfier ! Il s'exécute
sur « Garbage Man » des Cramps. Dirty Wolf applique son pouce sur le jack de la guitare pour créer un beat. Parfois
il utilise son onzième doigt, celui sans phalange qui tient dans la main ! Jouissif ! Ce soir l'obstination du public a payé.
Vincent GILOT aka Le Guise 6 décembre 2010
Le groupe
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L'organisateur
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Le label
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