Quel a été l’élément déclencheur qui a permis la reformation de Bly en 2022 ?
Dadar : le fric (rire collégial) l’argent évidemment ! C’est Jean-Michel Bronsin (Programmateur de l’Aéronef) qui est à l’initiative du projet. Il proposait de reformer le groupe pour un concert. Nous on s’est dit d’accord, mais il fallait retrouver et réunir tout le monde. Cela n’a pas été si simple que cela !
Comment cela s’est passé ?
Mike : Jean-Michel m’a appelé et il m’a dit «Pour les trente ans de l’aéro, ça te dirait de rejouer avec tes copains ?». En une fraction de seconde, j’ai fait un bond de vingt ans en arrière. Je lui ai répondu que je devais d’abord en parler aux copains. Nous avons créé un groupe facebook pour joindre tout le monde.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Dadar : On ne retrouvait plus Hervé. Nous n’avions plus de contact pour le choper.
Où était-il ?
Hervé : Je n’étais pas loin mais je n’étais plus dans le monde de la musique. A partir de là ce n’est pas simple. Le temps passe vite mais les souvenirs restent. J’ai accepté de participer au projet de reformation pour une date. Nous n’avons rien prévu d’autre pour l’instant. On va en discuter.
Qu’avez-vous fait pendant toutes ces années ?
Fred : Moi je passe (rires)
Dadar : Nous avons trouvé des boulots car à l’époque de Bly, nous faisions que de la musique puis tu as vu notre âge, nous avons construit des familles, eu des enfants.
les meilleurs souvenirs ce sont surtout des rencontres
Qu’est-ce que cela vous fait de vous reformer après toutes ses années ?
Mike : Mal au dos
Dadar : C’est méga cool ! Dès la première répétition tout semblait évident. Nous n’avions rien oublié comme le vélo !
Hervé : Je n’ai pas eu l’impression que cela faisait plus de vingt ans que nous n’avions plus joué ensemble
David : Il y avait un calage, une osmose entre les membres du groupe à retrouver. Dès les premières notes c’était évident
Hervé : C’est parce que les morceaux sont là ! Quand tu joues de bons morceaux que ce soit aujourd’hui, ou il y a vingt ans, cela reste des bons morceaux
David : Il fallait juste que l’on retrouve l’énergie de nos vingt ans et j’ai l’impression qu’elle encore plus forte aujourd’hui
Hervé : Oui ! Nous sommes beaucoup plus posés.
Dadar : Et quand tu rejoues les morceaux, tu as l’impression de les redécouvrir avec un œil nouveau. Tu es même surpris par la qualité de composition. Quand un break arrive, Whoua : je me dis c’était déjà bien fait, bien pensé avec un style particulier. Parfois lors d’une répétition on se demande qui pourrait jouer ces morceaux aujourd’hui.
Hervé : Il y a vingt ans, on n’avait pas de recul sur nos compositions. En réalité, on ne se posait pas de question car nous vivions dans l’urgence et que pour la musique. C’était notre unique activité, à temps plein. Tu rentrais de tournée et le lendemain tu étais reparti pour faire de la promo. A cette époque il n’y avait pas internet. Aujourd’hui tout est plus rapide et facile.
Comment est né Bly ?
Mike : C’est à cause d’Hervé
Dadar: Bly c’est la fusion de deux groupes : Kagemusha (Mike et David) et Iradelice (Dadar et Hervé). Nous faisions souvent des dates ensembles et naturellement des amitiés se sont créées. On se retrouvait pour boire des coups au bistrot et parler musique. Une année on nous a proposé des dates durant l’été mais certains membres des groupes n’étaient pas disponibles. Alors nous avons eu l’idée de former un groupe où l’on jouerait des morceaux de Kagemusha, Iradelice et puis des reprises. Nous avons monté un set et c’était parti ! Cela nous a permis de nous faire une quinzaine de dates. En septembre, nous avons fait le constat que ca marchait bien quand nous jouions tous les quatre. Ca sonnait bien. Il se passait un truc. Donc rapidement nous avons commencé à composer et à répéter ensemble. Et au but de six mois on enregistrait les premiers titres.
Hervé : Oui, vers mai 1933
David : Il y a eu de tremplin de l’Aéronef.
Dadar : C’est ça! Nous l’avons remporté ce qui nous a permis d’enregistrer notre premier quatre titres.
Quel est votre meilleur souvenir de l’époque Bly ?
Hervé : Pour rigoler : l’arrêt ! (rires)
Dadar : Je n’ai vraiment de souvenir précis. Ce sont plutôt des flashs.
Hervé : Pour ma part, je conserve un bon souvenir de Grosse Rose à Bordeaux où tu rencontres des gens avec qui tu es encore en contact comme le mec de Noir Désir (Fréderic Vidalenc) qui te permet d’élargir ton réseau. En fait, les meilleurs souvenirs ce sont surtout des rencontres.
Mike : Et puis les fêtes
Hervé : C’est notre aspect fêtard !
Mike : Cela fait partie du truc. J’ai plus de souvenir autour des concerts que des concerts en particulier. Et c’est pour cela que nous l’avons fait ! Les tournées avec la camionnette verte de La Redoute, cela fait des sacrés souvenirs.
c’est pour cela qu’on l’a fait à l’époque et c’est pour cela qu’on le refait aujourd’hui.
Le bilan de Bly en années et albums
Dadar : C’est dix ans
Mike : Deux albums et deux EP.
Combien de dates ?
Dadar : Pfouuu oh lala
Hervé : Avant d’enregistrer notre premier album, on avait déjà fait plus de 150 concerts ! Avec Bly on jouait énormément, on prenait tout.
Dadar : Un mec qui faisait un méchoui et on venait jouer (rires)
Hervé : C’était la grande époque des cafés concert. Aujourd’hui, si pour se rencontrer il faut utiliser Fesse Bouc mon cul, avant quand tu voulais voir les copains tu allais boire un verre au bistrot. C’etait le lieu de rencontre, le lieu où tu t’amusais.
Dadar : C’était un phénomène circulaire. Un patron de bar veut organiser un concert pour avoir du monde, mais pour avoir du monde il faut que tu ais une scène à ce moment là. Et c’est ce qui s’est passé pour nous à cette époque. Il y avait pas mal de groupe et donc du public. Même si c’était un petit bar où tu pouvais mettre cinquante personnes, les gens venaient qu’ils aient quinze, vingt ou quarante ans. Tu pouvais être sur que tu allais avoir cinquante personnes donc cinquante consommateurs. Au fur et à mesure, de nouveaux bars ont organisé des concerts, ce qui faisait de nouvelles dates pour Bly !

Qu’est-ce qui a marqué l’arrêt de Bly ?
Dadar : Par un manque d’envie. C’est un virage de la vie. A cette époque on donnait tout pour Bly : notre temps, notre argent.
Hervé : Quand tu recevais 1000 francs pour un concert, l’argent était automatiquement investi pour notre promo. Un CD à l’époque ca coutait 10 francs et cela n’a rien à voir avec les un euro cinquante d’aujourd’hui
Dadar : C’était quand même la galère tu vois. Et puis les années passent, tu vieillis mais ta situation elle ne change pas. Tu n’as pas une thune pour payer un coup aux copains qui eux bossent.
Hervé : On n’avait pas grand chose, mais quand on partait pour une date on savait qu’il y avait le catering !
Fred : Carrément, quand on passait il ne restait rien, même plus une caouhette ! On nous a même reproché d’avoir mangé le catering des autres groupes
(rires)
Hervé : A Bordeaux, on avait bouffé le catering de Sloy !
Fred : C’était des copains. Quand ils sont arrivés « Désolé mais je crois qu’on s’est gouré de loge.». On avait tout défoncé tellement on avait faim comme des creuvards.
Hervé : On savait qu’on allait avoir à manger, boire gratos et surtout prendre du plaisir avec le public lors du concert.
Les chansons de Bly qui on été composées dans les années 90 sont-elles toujours actuelles ?
Dadar : Carrément, j’aimerai bien entendre un groupe sortir des chansons dans l’esprit de Bly
Mike : Et ce ne serait pas décalé !
Quelle est votre chanson préférée ?
Tous : C’est super compliqué !
Dadar : J’ai une petite préférence pour Stop
Mike : Moi aussi
Dadar : Je trouve qu’elle synthètise vraiment l’esprit Bly
Hervé : Nos morceaux sont vivants, ils ne sont pas figés. Ils continuent d’évoluer au gré des concerts. L’improvisation c’est l’ADN de Bly. D’autres savent le faire mieux que nous et c’est pour cela qu’ils ont réussi (rire général)
Fred : Moi j’ai une préférence pour Artificial Paradise pour le trip musical qu’il procure sinon j’aime tous les morceaux.
Dadar : Quand il a été question de composer la set list, cela a été très rapide et simple. Je bosse dans la musique et je vois des groupes se prendre la tête. Nous avons peut-être corrigé un ou deux morceaux c’est tout. Car toutes nos chansons nous plaisent et que nous prenons du plaisir à les jouer. Les morceaux sont tombés comme une évidence !


Vous avez retrouvé votre énergie juvénile ?
Mike : Tu as vu comment s’est passé la répétition. Imagines des gamins de quinze ans, cela ne se passerait pas autrement. C’est cela qui est génial, c’est pour cela qu’on l’a fait à l’époque et c’est pour cela qu’on le refait aujourd’hui.


Si Bly était le nom d’un cocktail quels en seraient les ingrédients ?
Hervé : Vodka
Mike : Du Ricard, s’il fait chaud
Dadar : Il faut de la glace pilée
Mike : Du Ricard c’est le jaune, de la vodka aux Myrtilles c’est le rouge : le sang et or
Kroundave : 62, sang et or, voici le Bly !

Vincent GILOT aka Le Guise
Interview accordée le 29 Mai 2022
La baraque à sons, Arras