Gasconha Roots

Ces deniers mois j’ai croisé plusieurs fois la route du duo gascon : Bruxelles Summer Festival, Poulpaphone, Métaphone et le concert épique de La Maroquinerie à Paris. Invité à venir passer quelques jours dans les Landes, l’occasion faisant parait-il le larron, je profite de mon séjour pour associer la terre grasse de Chalosse, la gastronomie et le Rock’n’Roll et ainsi découvrir ce que cela donne quand The Inspector Cluzo joue à domicile. Cette date au caféMusic’ que le groupe a reporté est forcément très attendue, les affiches fleurissent sur les murs, les animateurs de Radio MdM font le décompte des places restantes. Nous sommes tous au taquet !

Le groupe aborde un virage plus Rock sur ce quatrième album intitulé Gasconha Rocks, qui semble enfin avoir attiré l’attention des médias. Laurent et Mathieu sont revenus fin décembre d’une tournée d’un mois aux Etats-Unis. Entre le gavage des canards et une séance de répétition énergique je retrouve Laurent Lacrouts, le guitariste et chanteur hirsute, pour une interview aux parfums de terroir : sincère, rustique et Roots.

Vous venez de rentrer d’une tournée d’un mois aux Etats-Unis avec Suicidal Tendencies. Le public américain a-t-il été réceptif au Rock made in Gasconha ?

Les Américains sont réceptifs au Rock tout simplement d’où qu’il soit. Ils n’ont pas de barrières identitaires. D’ailleurs ils ont ces expressions « That’s Rocks », « You’ve been Rocks » pour dire ça l’fait, ton groupe Rock. Donc The Inspector Cluzo Rocks !

Vous jouez ce samedi à domicile pour un concert qui affiche complet 4 jours avant la date ! Comment réagit l’Inspecteur face à l’engouement du public ?

Cela nous fait chaud au cœur mais pour l’instant on ne réalise pas trop ! Je pense que cela représente quelque chose de fort pour les Landais et les Gascons en général car le public se déplace de loin : Bordeaux, Toulouse, Béarn, Gers et de Bigorre aussi. Il y a des gens qui se bougent pour nous et cela nous touche énormément.


Pas besoin que le public nous applaudisse pour envoyer le boulet et tout retourner. Mais en plus, s’il est là pour nous, alors nous avons envie d’en mettre trois fois plus !


L’année 2013 vient de se terminer. Sonne l’heure du bilan. Que retenez-vous de positif pour 2013 ?

Depuis la sortie de l’album Gasconha Rocks en septembre beaucoup de choses se sont passées. La sortie du documentaire qui nous tenait vraiment à cœur car les personnes qui sont interviewées, au quatre coins de la planète, parlent avec sincérité de notre parcours et de notre utopie. Un projet important car nous avons remarqué que malheureusement en France la société n’arrive pas à se contenter de la réussite d’autrui. Est-ce par jalousie ? En tout cas, chez The Inspector Cluzo, nous sommes fiers d’applaudir la réussite de ceux qui réalisent leur rêve comme cela existe aussi en Allemagne ou en Espagne et encore plus aux Etats-Unis. Il s’agissait également de remettre les pendules à l’heure, car nous avons souvent entendu que nous devions notre réussite grâce à notre réseau (Rires). Au départ il y a l’artiste et son produit ! Les ricains disent que si le produit est bon, alors ça va marcher. C’est aussi simple que cela. Après le réseau vient à toi. Aujourd’hui nous connaissons bien le programmateur du Fuji mais au début nous ne le connaissions pas, il est venu à nous car il adorait notre zik !

The Inspector Cluzo, le groupe de Rock le plus énergique de la scène française

Quel est votre meilleur concert de 2013 ?

Il y en a eu plusieurs : Besançon, Paris, Berlin ont été violents. A chaque fois c’était des concerts complets. Cluzo se nourrit du public, même quand il n’est pas là, alors imagine quand il est là ! Cela nous décuple. C’est indéniable, l’énergie du public nous fait passer au cran supérieur, c’est valable pour tous les artistes. Pas besoin que le public nous applaudisse pour envoyer le boulet et tout retourner. Mais en plus, s’il est là pour nous, alors nous avons envie d’en mettre trois fois plus ! Ca ne joue pas facile. Comme il y a de plus en plus de monde, les concerts deviennent épiques. Berlin c’était énorme, Besançon c’était énorme mais c’était gavé à chaque fois comme le Run ar Puns. Il est fort possible que demain à Mont-de-Marsan le concert soit épique.


C’est le plus gros problème auquel sera confrontée notre planète dans les années à venir si personne ne réagit et laisse faire. Car bientôt la loi sera de leur côté !


The Inspector Cluzo est connu pour être un groupe rentre dedans ! Quel est votre coup de gueule pour 2013 ?

Le gros coup de gueule c’est Monsanto ! A force de Lobbying et de corruption, cette multinationale a réussit à faire d’énormes pressions sur les députés européens et faire bientôt voter des lois pour interdire les potagers personnels et nous confisquer la propriété intellectuelle sur les semences. C’est le plus gros problème auquel sera confrontée notre planète dans les années à venir si personne ne réagit et laisse faire. Car bientôt la loi sera de leur côté ! C’est l’autonomie des peuples qui est en jeu. Il faut se référer aux discours de Pierre Rabhi sur l’autonomie alimentaire. Aujourd’hui, nous connaissons les techniques d’agro-écologie qui permettent même de cultiver des pommes de terre dans le désert. Puisque c’est une avancée, Monsanto veut nous priver de ce droit. C’est grave, il faut se bouger et vite ! Notre deuxième coup de gueule sera pour les médias français qui jouent le jeu des politiques et de leurs communicants en nous abreuvant d’informations superficielles alors que, pendant ce temps, des gens crèvent la faim !

Quels sont vos projets pour 2014 ?

Pour l’instant gavage des canards et des oies. Repos avant les concerts. D’abord, le reste de la tournée française. Ensuite, en avril Colombie et Chili. Puis, des gros festivals en Afrique du Sud, en Corée du Sud, au Japon et en Belgique. L’histoire continue quoi ! Nous avons aussi la sortie de l’album aux Etats-Unis sur Suicidal Records. Le réseau américain se met en place.

Vincent GILOT aka Le Guise
interview accordée le 24 Janvier 2014
Mont-de-Marsan