ZOMBIE & CIE

A quelques jours près ils auraient pu s’offrir une soirée très privée avec Kim Basinger. Mais, les membres de 7 Weeks, qui ne sont pas du genre à caler devant les difficultés, ne font pas dans la dentelle, ni dans la faïence. Etonnant pour des Limougeauds, non ? Alors c’est sur le film Dead of Night (Le Mort-vivant pour les francophones) que nous les retrouvons. Un film d’horreur réalisé par Bob Clark en 1974. Il s’agit en réalité plus d’un drame psychologique puisque nous assistons à la désintégration violente d’une famille avec le retour au bercail d’un fils soit disant décédé au combat au Vietnam. Le groupe de Stoner relève le défi de jouer pendant toute la durée du film. Une étonnante bande originale plus Rock mais qui a parfaitement conservée l’ambiance lourde et oppressante nécessaire pour coller au film.
Alors que les reliefs des Docks de Dunkerque se sont dissous dans l’obscurité, je retrouve Julien Bernard – chanteur et bassiste – pour dévoiler les mystères de 7 Weeks plays Dead of Night.

Le Guise : Lequel d’entre vous est un zombie élevé avec Amityville, Massacre à la tronçonneuse ou encore L’exorciste ?

Julien : Plutôt moi car j’ai eu une grosse période quand j’étais ados où je matais tout ces films.

Comment est né ce projet ? En es-tu l’initiateur ?

Non. Ce ciné-concert est initialement une commande. Nous avons un programmateur à Limoge qui fait beaucoup de cinéma bis et décalé. En 2010, il nous a proposé de participer à un ciné concert en tant que 7 Weeks. Je lui ai expliqué les thématiques que nous aimons développer dans notre musique et il m’a proposé deux, trois films dont Dead of Night. Je les ai tous regardé et Dead of Night m’a sauté à la gueule. Je ne connaissais ce film que de réputation : plus un drame psychologique décalé qu’un film de Romero où le zombie n’est finalement qu’un prétexte. Surtout l’histoire correspondait aux textes de notre album All Channels Off sorti en 2009, où la plupart des chansons parlent de quelqu’un qui serait mort mais continuerait à vivre sa vie en tant que spectateur, sans pouvoir agir. Il porte un regard désincarné sur la société et sur la vie. Il n’y a pas de message social car ce n’est pas le credo du groupe. Nous sommes plus dans l’émotivité et les sentiments. Donc ça collait !

Avez-vous rencontré des difficultés pour mener ce projet ?

Ça nous a apporté beaucoup de plaisir car nous nous sommes vraiment éclatés pour le faire. Mais c’était très dur ! Nous avons passé deux mois à ne faire que ça. En plus, nous stressions à mort car nous avions une dead line. Le ciné-concert était prévu pour le 28 janvier 2011 et nous avons commencé à bosser dessus fin novembre. Nous n’étions pas prêts le jour J. Pour être exact, nous avons terminé « Andy Part 2 » à la balance et j'improvisais encore des bouts de textes en lisant les dialogues. Mais finalement tout c’est très bien passé. Ensuite, nous avons continué à travailler et à peaufiner notre set.

D’où l’idée de l’album 7 Weeks plays Dead of Night ?

Avec le temps, nous nous sommes rendu compte du travail de composition que nous avions fourni. Une heure vingt de musique sur une heure trente de film. Quand nous avons remarqué l’impact du concept sur le public et aussi sur nous même, nous nous sommes dit « On ne va pas laisser tomber ce truc là ! ». Avant même de penser à le rejouer nous avons décidé d’en faire un album. Nous avons condensé un peu tout cela. L’album a permis de faire connaître le concept et à tourner avec le ciné-concert.

Un projet qui a retenu l’attention de l’Etrange festival.

Nous avons fait une dizaine de ciné-concerts. J’avoue que la plus belle récompense est d’avoir participé à l’étrange festival qui représente l’événement national du film d’horreur et ciné bis…

Un groupe de Stoner qui joue sur un film d’horreur des années 70 est un spectacle inhabituel. Comment le public réagit-il ?

Franchement ! C’est très différent de nos concerts classiques où le groupe joue en face des gens. D’abord, le groupe est placé sur les côtés de l’écran, plongé dans le noir dans une sorte de bunker technique avec plein de machines et de pédales. Ensuite, 90% des spectateurs ne regardent que le film, ils ne s’occupent pas de nous. Ils nous expliquent que ce n’est pas une volonté de leur part. Ils sont complètement immergés dans le film. La musique sert juste de catalyseur pour encore plus exacerber les sentiments du film. Il n’y a pas de bruit pendant la projection. Quelques sursauts sur certaines scènes un peu cruciales. Nous avons vu des gens avec des larmes aux yeux à la fin car le film est très poignant. C’est une expérience très différente. Nous aimons beaucoup jouer Dead of Night même si c’est très exigeant.

Pour ce projet vous avez collaboré avec Manu Costa du groupe Olen’k qui par la même occasion devient le quatrième membre de 7 Weeks. Il passe du Trip-Hop au Stoner. Son intégration s’est bien passée ?

Manu est un ami depuis longtemps avec qui nous avons souvent joué. Pour le ciné-concert nous avions besoin d’être plus que trois. Le trio était trop limité. Un mec qui pouvait nous aider là dessus, c’était Manu. Il a des machines, il joue des claviers et de la basse : un peu l’homme à tout faire ! Son rôle s’est véritablement élargie avec Dead of Night où il a composé certains morceaux. Cela s’est tellement bien passé qu’il est naturellement parti en tournée avec nous sur les ciné-concerts. Il se passait quelque chose de très spécial tous les quatre que nous avons décidé de composer l’album suivant ensemble cette année. Manu a définitivement intégré 7 Weeks où il joue des claviers et des machines.


Dans la vie du groupe, il y aura un avant et un après Dead of Night.


Toujours affamé, ce nouvel album s’intitule Carnivora. A quel stade en êtes-vous ?

L’album est mixé et masterisé depuis cet été. Nous commençons à démarcher les labels et les distributeurs. Il sortira début 2013 car nous avons une tournée européenne – Belgique, Allemagne – au mois de février et probablement une tournée française qui va suivre en mars. Nous sommes encore en période de tractation mais il nous tarde de sortir cet album.

Car l’influence de Dead of Night s’y ressent.

En effet, c’est du 7 Weeks passé par la case Dead of Night. Nous nous sommes rendu compte que c’était beaucoup plus riche qu’avant grâce à l’arrivée de Manu. En fait, ce sont les quatre musiciens qui créent un ensemble beaucoup plus riche. Les retours que nous avons avec Dead of Night sont aussi bons voire meilleurs qu’avant. Nous avions la possibilité de passer à quatre. Il aurait été absurde de se dire « restons en trio ». Autant foncer ! Maintenant, nous quittons le cadre du film et nous retombons dans des terres plus Stoner, plus Heavy. Dans la vie du groupe, il y aura un avant et un après Dead of Night. C’est évident !

Pour Dead of Night, vous créez une atmosphère pesante et angoissante où le côté Stoner est parfois effacé par des influences plus Floydiennes.

Nous nous sommes permis avec Dead of Night de laisser passer des influences que nous n’aurions pas laissées avant. Pink Floyd en est une, nous la revendiquons. Sur « Andy Part One », on retrouve le même principe que « Careful with that axe, Eugene » : la basse cyclique avec les notes qui changent par-dessus et la montée en puissance. C’est exactement cela. Ce sont des influences que j’avais depuis longtemps mais que je n’exprimais pas dans 7 Weeks. Nous avons tous laissé un peu plus parler nos cœurs. Nous n’avions pas beaucoup de barrières déjà avant, mais là nous n’en avons plus du tout !

Si 7 Weeks était un cocktail, quelle en serait la recette ?

Ah Merde ! Ecoute, je vais prendre ce que tout le monde aime whisky, bière, vin et thé glacé.

Mélangé ?! (Etonné)

Ben ouais, mais c’est pas bon !!! (rires)

Vincent GILOT aka Le Guise
interview accordée le 11 Octobre 2012
L'entrepôt, Dunkerque