The Experimental Tropic Blues Band
@ Festival des Folies

27 juin 2008, Maubeuge

Ma rencontre avec The Experimental Tropic Blues Band remonte à 2005. A cette époque, ils avaient été invités par l’association Bougez Rock pour participer à une soirée Rock Garage en compagnie des groupes lillois The Deluxe Brothers et Vedett (Voir les photos). Nous étions pas mal à nous être retrouvés pour l’événement dans cette petite salle – genre maison des jeunes – à Leval. J’en suis encore étonné. Nos trois liégeois réalisèrent un concert qui reste gravé dans ma mémoire. Fantastique, énergique, furieux, dynamique, explosif et quantité d’autres superlatifs décriraient aisément l’ambiance. Ce genre de Live où le seul commentaire se résume à « Whaooooouuuu ». Quelle est donc la recette de ces alchimistes du Rock ? Ces musiciens sont habités par le Rock’n’Roll. Un dressing code digne des années 60. Costard en velours rubis et chemises à jabot. Une élégance jusqu’au boots. Ici pas de faute de goût ! Et puis, il y a ce son et ce beat qui nous propulsent plus de 30 ans en arrière. Ce rock qui fleure bon la chaleur de Baby, Please Don’t Go de Them. Boogie Snake quitte la scène pour jouer au milieu de la foule, Psycho Tiger (devenu depuis Dirty Wolf) se déhanche comme Elvis pendant que l’imperturbable Devil d’Inferno donne le rythme, sans oublier la participation de Lord Benardo à l’harmonica qui aujourd’hui joue avec Stinky Lou & The Goon Mat. Une véritable communion avec un public en transe. Dès la fin du concert, je me suis rué sur le groupe pour les féliciter chaleureusement de cette prestation diabolique. Et, surtout pour acheter leur EP "Dynamite Boogie", un digipack au superbe artwork GRS qu’ils m’ont dédicacé ! Le craquement d’une allumette pour mettre le feu à un six titres forcément explosif.

Un feu de dieu ! Trois ans plus tard et une kyrielle de concerts à leur actif, nos trois lascars ont toujours cette foi. En 2007, sort leur premier album "Hellelujah" où Arno vient s’époumoner dans son harmonica. Un opus dans la continuité du Blues et du Rockabilly de "Dynamite boogie" où plane l’ombre de Link Wray et le costume noir de Johnny Cash. Il s’y mêle l’énergie Punk des Cramps dont ils font une reprise étonnante et innovante de Garbage Man. C’est un peu par hasard que j’apprends que ce vendredi, ils jouent à Maubeuge. Malgré Clint is Gone à l’Amul Solo ou Poncharello à La Chimère, le choix ne s’avère ni compliqué, ni cornélien ! Comme Sailor avant de sortir en boite je pourrais hurler "Oh Yeah Baby, Let’s Go to Maubeuge !!!" en endossant ma veste qui, pour ceux qui n’ont pas vu le film, symbolise mon amour de la liberté !

La scène trône au milieu de la place des Nations. Premiers riffs et claquement de cymbales pour s’annoncer. La pièce est dans le juke-box et les morceaux s’enchaînent : René the renegade, Take off your clothes avec la traduction efficace de Dirty Wolf "Ca veux dire, mets toi à poil, mesdames et messieurs !". Le public, bien qu’il se fasse un peu plus nombreux, reste froid et s’amoncelle à la limite d’une barrière de sécurité imaginaire qu’il n’ose franchir. Nos zouaves ne manquent ni d’humour, ni d’imagination pour réchauffer ce beau monde. En vain ! Nous sommes avec quelques amis les seuls débiles à se déhancher et taper du pied devant la scène. Nous avons droit à une version francisé de Gangrene Blues, ce qui la rends plus explicite et donc plus gore. Dirty Wolf pour ne pas finir sa carrière de rockeur au bûcher de l’ordre moral, se défausse malicieusement en m’accusant d’avoir écrit cette chanson. Puis Boogie Snake nous annonce qu’ils vont interpréter une reprise de Gun Club. Il s’agit de l’envoûtant Preaching the Blues qui figure sur "Fire of Love". Arrive ensuite le Great Dirty Wolf Show où en grand prédicateur il nous annonce sur Hellelujah que le malin est revenu sur terre sous la forme d’une clope. Commence alors une jubilatoire séance d’exorcisme pour libérer Astrid de ce fléau. Voilà ce que cela donne quand le Rock rencontre la Comedia dell arte.

The Experimental Tropic Blues Band nous ont encore offert un superbe spectacle où les musiciens donnent ce qu’ils ont avec beaucoup d’honnêteté et de sympathie. La prochaine fois que vous apprenez qu’ils passent près de chez vous, un seul conseil "Move your ass !"

Vincent GILOT aka Le Guise
5 juillet 2008

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