Back into the Light

2020

ZOE Stoner Rock

01. Back into the Light
02. Voices
03. Down in a Hole
04. In Praise of Laziness
05. Go Like a Bomb
06. By Your Side
07. White Trash
08. Wild Wild City
09. Band of Brothers
10. Cut Class

Les festivals d’été n’auront pas lieu. Comment imaginez les grandes messes du Rock assis sur une chaise séparé d’une distance de 2 mètres ? Je ne vous parle même pas d’un Circle Pit ou d’un Wall of Jericho. Non ! Pourtant ça doit être marrant. Je pense sincèrement qu’un Circle Pit assis sur une chaise possède le potentiel de La bataille de Reichshoffen lors d’un repas de commemo d’anciens sous-mariniers ou de parachutistes. « C’était un soir la bataille de Reichshoffen Il fallait voir les Métalleux charger. Attention Métalleux, chaaaaaaargez ! » Heureusement, pendant ce temps-là, les musiciens continuent de faire preuve de créativité autant que de résilience pour composer, répéter, enregistrer et tenter de partager et diffuser leurs œuvres. Bah tiens ! Après six années d’absence du spectre des radars du Rock, Les calaisiens de ZOE sont réapparus sur nos écrans avec en guise de mot d’excuse un nouvel album. Un opus au titre évocateur : Back into the Light. Après quelques années de tourments et de doutes, il était temps pour Fred et Aldo, le noyau dur de ZOE, de revenir sur le devant de la scène, sentir la ferveur du public et la chaleur des spotlights. Mais GROVID-19 est arrivé libérant son flot de solitude et de mélancolie.

Ce quatrième album fusionne la quintessence du style ZOE. Chacun y retrouvera, à sa guise, la puissance Heavy à la Motörhead de Make it Burning ou l’ambiance Stoner de Dirty Little Sister. Mais Back into the Light se démarque par des textes plus personnels (trouble de l’âme, décès), plus sérieux voire engagés comme « Praize of Laziness », qui changent des chansons de l’esprit grivois de la Rock’n’Roll Bible des groupes en tournée : Alcool, Girls et tout l’toutim… En effet, l’album explore les profondeurs de l’âme.

D’abord, il y a cette pochette avec cette jeune femme dévêtue. Une sorte d’Eve du Rock qui aurait écouté l’album défendu. Chassée du Paradis, elle se retrouve à oilpé dans une tour réfrigérante. C’est dire la gravité du péché. Au fond du trou, elle n’aspire qu’à retrouver la lumière. La pochette généreuse laisse croire à celui qui découvre ZOE pour la première fois, qu’il va sentir les émois (et moi et moi) d’une jeune chanteuse réalisant ses fantasmes. Le choc, lorsque le néophyte découvre que derrière ce prénom féminin, se cache en réalité une bande de Rockers barbus à la voix grave. Pas Glop ! C’est comme lorsqu’une main s’aventure vers le canyon du plaisir et se retrouve avec une paire de kiwis solidement attachée. Forcément. Ça surprend. L’album se présente sur un vinyle blanc afin, de symboliquement, quitter la noirceur pour la lumière.
Les chansons bringuebalent leur quota de noirceur et de ténèbres. Le disque démarre pied au plancher avec le titre éponyme « Back into the Light », la batterie est en mode distribution de baffes et les guitares branchées sur Gros Riff Bien Gras : ca va saigner ! Sur ce premier titre, nous sommes confrontés à la dépression. La chanson raconte ce sentiment d’être au fond du trou et les batailles pour justement retrouver une lueur d’espoir, « I drop another pill just to forget the tears that flow down from your eyes. », avec souvent l’aides des médicamentations. Nous enchainons avec un Stoner puissant au rythme hypnotique. Sur « Voices » nous sommes face à un schizophrène sujet aux hallucinations auditives qui le poussent au crime. « See that sadistic smile on my face I don't see the end of the tunnel that's why i'm insane gimme my pills. And let this voices away. ». Il ne reste que les pilules pour calmer cette violence intérieure et taire ces voix malsaines. Sur « Down in a Hole », Après la dépression et la folie, nous étudions un nouveau cas clinique : l’alcoolisme. Un ravage qui pousse certain consommateur à prénommer leur petite amie Modération pour se donner bonne conscience. C’est dire ! Cette chanson évoque ce sentiment d’être impuissant « Like a boxer on his knees » face à la maladie et de pas trouver la foi nécessaire « I can’t stop drinking. Again again again » pour sortir à juste titre de ce trou et renouer avec la vie. Après ces tourments de la vie, Fred nous propose de se poser un peu et de ne rien faire. « In Praize of Laziness » est une invitation à la procrastination. Quitte à ne rien faire autant le faire à fond. Un morceau rageur aux guitares énergiques avec un texte engagé contre ce système productiviste qui peut se résumer au triptyque « Work, Eat, Die » contre cela il suggère « I just wanna get the permanent vacation. ». La première face s’achève sur l’explosif « Go Like a Bomb », c’est un peu le TNT de ZOE. Nos Calaisiens, ce sont les Bruce Willis du Rock, même crevés ils roulent encore. Au « 1000 bornes » ils ont tiré la carte increvable. Ce morceau évoque finalement toute l’énergie qu’ils ont en réserve pour casser la baraque, distordre les cordes de leurs grattes et faire hurler les amplis. Hey, hey ! Un morceau massif et lourd qui te colle contre le mur. Boom !
La deuxième face débute Dans la joie jusqu’au cou comme dirait Gotlib avec « By Your Side ». La chanson raconte l’histoire tragique d’un couple de toxico dont l’un vient d’avaler son extrait de naissance. C’est Trainspotting version Rock ! comme chez B.B. King après la fièvre,« The Thrill is Gone ». Pour ce morceau Aldo et Fred se sont plongés dans un groupe qu’ils affectionnent, Aerosmith, pour obtenir un rythme ternaire plus groovy. Sur « White Trash », les musiciens de ZOE nous emmènent pour une virée à Los Angeles mais pas du côté des Painted Ladies. C’est plutôt dans les quartiers où survivent les laissés-pour-compte du rêve américain que nous allons. En effet, White Trash désigne cette population très pauvre, souvent illettrée et sujette à l’alcoolisme ou aux drogues. Le fossé est creusé « People feast while you are starving. » Des quartiers craignos nous passons à une « Wild Wild City ». Du soleil de la côte Ouest nous devons affronter le crachin du Nord qui vous glace les sangs. En effet, cette ville sauvage c’est Calais. Comme Fred me le confiait « C’est une ville que j’aime autant que je déteste » Derrière ces bourgeois bien calme, Calais est une ville sauvage. Il me narre cette anecdote où après avoir trainé dans les quartiers les plus dangereux de New-York sans rencontrer de problème « Le soir où tu reviens à Calais, tu te fais péter la gueule. C’est ça Calais ! ». ZOE en profite sur « Band of Brothers » pour rendre un hommage vibrant à Lemmy Kilmister. Une idée d’Aldo pour saluer les frères d’armes du Rock’n’Roll. Fred revisite tous les symboles et clichés qui ont bâti la légende du leader de Motörhead, de l’homme éternellement fringué en noir, à la basse Rickenbacker, sa bouteille de Jack et son coin de bar au Rainbow où Fred, lors d’un séjour aux States, y est passé comme lors d’un pèlerinage pour saluer le Saint du Rock’n’Roll. Le message est clair « I would sell my soul to sing you this song. ». Sheila et Alice Cooper vous avez déjà prévenu que l’école était finie. Sur « Cut Class » ZOE se moque bien de la récréation, nos Rockers préfèrent proposer une refonte du système scolaire. La vie n’est pas inscrite sur le tableau noir.

Vous remarquerez rapidement que ZOE n’a rien perdu son énergie pour revenir rapidement Back into the Light. Les compositions sont puissantes avec des breaks efficaces où les guitares emportent tout sur leur passage. L’album a été enregistré et mixé par Olivier T'Servrancx qui avait déjà officié sur Raise the Vail. Une marque de confiance entre les musiciens qui se connaissent bien et savent quelle direction prendre lors des enregistrements. Back into the Light mêle toutes les influences que les musiciens digèrent depuis des lustres. Chaque style colle parfaitement à l’ambiance du morceau. Toujours reconnaissable, malgré parfois des effets, le chant de Fred se tient haut et fort dans le maelstrom sonore de ce nouvel opus. Si vous trouvez cet album trop lumineux, sortez votre crème solaire et vos Ray-Ban les Rockers. Vous allez prendre des couleurs !

Vincent GILOT aka Le Guise
16 Avril 2021