Bien d’autres que moi vous le diront à propos de The Inspector Cluzo, et ce, en usant d’adjectifs et de superlatifs voire d’onomatopées, dans un style digne de la plume de Frederic Dard, allant du « génial » au « terrible » en passant par « ça déglingue mec », « Whaou » et « Pffffffou » pour finalement conclure sur un avis qui ne souffre aucun commentaire « C’est le meilleur groupe de rock qu’il faut absolument voir en live ». Tout cela, vous pouvez le traduire dans les langues des, au moins, 65 pays dans lesquels ils ont joué. En effet, c’est sur scène que le spectateur peut se délecter de la puissance du groupe lorsque Laurent démonte la batterie de Mathieu et que le charley et les cymbales volent ; de son originalité et sa complicité avec le public lorsque une spectatrice gagne une danse avec Mathieu et qu’un spectateur rejoint la scène pour un strip-tease ; de son implication dans les problèmes de nos sociétés, comme la puissance dévastatrice des industries chimiques sur l’agriculture lorsqu’ils nous racontent leur expérience de fermiers Rockers et critiquent ouvertement des entreprises comme Monsanto ou Bayer (ce sont les mêmes) ou bien des politiques ; de son humour énième degrés lorsque Laurent provoque et harangue le public et bien sûr de sa créativité et maitrise musicale lorsque les musiciens, juste sur un échange de regard, partent en improvisation ou que Mathieu continue de jouer en équilibre sur sa grosse caisse à la fin du concert. Eh oui …Toute cette folie, cette générosité et cette énergie se vit en live ! The Inspector Cluzo aime nous surprendre. Le groupe a achevé sa tournée unplugged juste avant la décision du confiner le pays. Durant cette période, ils ont été très occupés à travailler dans leur ferme Lou Casse, ainsi qu’à gérer toutes les annulations de dates ou de report et à préparer leur premier album live. Ce confinement est une invitation au calme et à l’introspection ainsi les Rockfarmers nous propose un album live de leur tournée unplugged enregistré dans des salles estampillées Sud-Ouest intitulé The Organic Farmers Season. Ici tout n’est que luxe, calme et volupté disait le poète..
D’habitude, la fin de repas aurait bruyante à commenter le dernier match du Quinze de France avec les copains que vous aviez invité à manger un confit généreux et gourmand. Mais en cette période isolée, la bouteille de vin est plus à moitié pleine que vide et il reste du confit pour demain. On s’imagine le brouhaha dans le salon à poursuivre les conversations puis soudain le silence se serait fait naturellement, sans rien demander ni gronder, le diamant épouserait délicatement le vinyle puis s’engagerait dans le microsillon dont les oscillations transmettraient un son délicat et chaleureux amplifié puis diffusé par les enceintes : des applaudissements puis la chaleur de l’orgue Wurlitzer remplie la pièce et soudain arrive une guitare qui claque des notes comme on plante des clous dans le ciel et enfin la voix grave de Laurent. C’est parti, il fait froid dehors mais une grosse bûche s’embrasse dans le foyer, l’armagnac tournoie et se réchauffe dans la pomme de la main. Confortablement engoncé dans le sofa, c’est l’invitation au voyage. L’album s’ouvre avec sur « A Man Outstanding in his Field » avec ses amazing, fabulous, exciting, fantastic, fuckin’amazing Pigs and chickens le tout accompagné d’un charmant duo de cordes composé de Melodie Chase au violoncelle et Eleonore Denig au violon. Laurent joue avec sa voix, la module, la fait danser, la tire dans les aigües puis il interpelle le pianiste Eric Montgomery « All Right, Eric ! », « Come on Eric ! », « Eric Once again » pour l’inviter à un solo ou bien à colorer l’espace de ses volutes d’orgue. Cet album restitue parfaitement l’ambiance chaleureuse et conviviale de ces concerts. Pour cette tournée, si nous retrouvons l’essentiel des chansons de We The People of the Soil, les musiciens ont puisé dans leur répertoire des chansons à interpréter en acoustique comme « The Run », « Lost in Traditions » et « Fishermen » où le public reprend en chœur « For my family » quand Laurent entonne « You want to do what is right » mais aussi dans celui de Neil Young pour rendre un hommage vibrant en Loner en reprenant « Hey Hey My My ». Cette dernière, figure également en 45 tours en version électrique et acoustique.
Si vous n’avez pas eu le plaisir de voir et écouter le duo landais jouer en acoustique ces petits bijoux dont ils ont le secret, il ne vous reste qu’à vous procurer leur album directement sur leur site ou chez votre dealer préféré tant que tant qu’il ne traîne pas à ma zone (ou dans ma zone mais ça marche moins bien !). Si vous voulez revivre l’expérience de cette chronique, avec un bon confit d’oie, une bouteille d’armagnac de chez Colette Ramazeilles et bien sûr l’album de The Inspector Cluzo, cela tombe bien c’est le pack Nadau. Remettez une bûche, retourner le disque et bonne écoute.
Vincent GILOT aka Le Guise
6 Décembre 2020