La période post-punk avec ses ambiances musicales sombres ou glaciales et ses différentes vagues de la new à la cold étaient le baromètre d’une époque austère teintée de crises économiques et sociales en relation avec des politiques souvent néo-libérales ( Thatcher, Guerre froide …). Depuis la fin des années, les crises ne finissent pas de durer voire de se renouveler. De climatiques elles seront encore plus migratoires et demeurent toujours politiques. La situation sur le climat est alarmante, le nombre de migrants qui périssent dans les eaux de la Méditerranée est scandaleux, quant à la montée du populisme que nous observons au niveau mondial, c’est tout aussi inquiétant. Ce retour aux boîtes à rythmes ou autres claviers et synthétiseurs typiques des années 80 serait-il en rapport avec cette folle période de liesse généralisée que nous vivons ? Je ne suis pas en mesure de l’affirmer mais si ce sujet tente un thésard qu’il s’en donne la peine et la joie. C’est que les exemples ne manquent pas avec des groupes comme Interpol, Frustration, Jessica 93 qui tirent leurs influences de groupes comme Joy Division, Cure ou bien Sisters of Mercy.
The KVB avec leur nouvel album Only Now Foverer n’est pas en reste. The KVB pour Klaus Von Barrel est le projet musical du musicien anglais Nicholas Wood rejoint par Kat Day. Le groupe se distincte par un style minimaliste avec l’utilisation de boîte à rythmes très métronomique soutenu par des nappes de claviers et de guitare au son métallique et clair tirant vers le Shoegaze à grand coup de reverbe et de chant éthéré comme sur l’introduction de Only Now Foverer. Le duo créé un univers musical qui dessine les contours d’une ville futuriste déshumanisée aux limites abstraites. Ce nouvel album rejoint dans le catalogue de Invida Records : label crée par Geoff Barrow du groupe Portishead.
S’il démarre avec un « Above us » survitaminé à la Jesus & Mary Chain nous baignons ensuite avec « On my Skin » dans une mélodie Pop atmosphérique qui rappelle l’importance d’un groupe comme Pet Shop Boys. Nous flirtons également avec des ambiances plus Indus comme sur « Aflerglow » et ses sonorités proches des premiers albums de Front 242. Alors que sur « Violet Noon » nous retrouvons ce style, si particulier, des groupes du label français Lively Art (subdivision de New Rose) comme Teepee, Little Nemo, Numb ou Asylum Party. Only Now Forever est un album aux influences claires et multiples où nous sommes agréablement hypnotisés par des compositions dont les sonorités électro semblent marquées par la scène allemande. L’effet bénéfique de Berlin !
Vincent GILOT aka Le Guise
12 octobre 2018