Cela pourrait-être un bon sujet pour 30 millions d’amis : animaux & Rock band. Pink Floyd s’était effacé devant la beauté diaphane et ruminante de Lulubelle III, Miguel le défricheur, l’Attila des ronces et herbes sauvages, lui vole la vedette à The Inspector Cluzo. Le duo landais fête ses dix années de carrière avec un sixième album profondément enraciné dans la terre épaisse de la Chalosse. Respect. C’est là, chez eux, dans leur ferme Lou Casse, que nos Rockfarmers élèvent leurs oies dans un mode d’agriculture respectueux de Gaia, notre Terre, c’est-à-dire, avec un profond respect de la faune comme de la flore. Des valeurs qu’ils défendent bec et ongle depuis plusieurs années. Intégrité et exemplarité. Musiciens ou bien agriculteurs, cela reste une activité manuelle, pratiquée à 4 mains sans artifice. La Gibson SG puise son énergie à l’origine du Blues et le soc tiré par le Massey-Ferguson trace son sillon. La terre, omniprésente. Pour savoir où tu es et où tu vas, regarde déjà d’où tu viens. C’est bon de prendre le remps de regarder dans le retro pour voir le chemin parcouru. Ça rend humble. Il n’y a pas forcément de rétroviseur de série sur un Massey-Ferguson mais avant d’arriver au bout du champs, tu te retournes régulièrement pour voir si ton sillon ne part pas de guingois. Occasion de regarder de plus près ce sillon long de dix années, mettre pied à terre, de la fouler, de s’en saisir, la malaxer, sentir sa richesse et tout ce qui compose le terroir Inspector Cluzo. Diversité. Il y a des chiffres qui forcent le respect. 6 albums – un quasiment tous les deux ans – plus de 900 concerts dans 45 pays différents. Soit, je ne suis pas là pour faire des statistiques et vous présenter un joli histogramme. C’est surtout une musique riche et conviviale comme de la garbure. Passons en cuisine. Sélectionnez un beau morceau de Rock fusion un peu gras dans le muscle, faites-le réduire à feu doux avec du second degré, de la provoc’, de l’indépendance et des valeurs, puis rajouter-y un p’tit’ bol de funk où vous avez laisser macérer des cuivres. Passez le tout au chinois pour conserver le nectar. Générosité. Nous obtenons des albums, depuis Gasconha Rocks toujours plus proche de la quintessence du Blues Rock avec un son authentique. Un style toujours présent depuis l’origine : « Yuppy way of Life », « Change », « Empathy Blues », « Old Man », « Black Spirit », « Rockfarmers », une suite de morceaux qui montrent l’évolution et la maturité du style qui s’épure : la signature The Inspector Cluzo.
Dans ce sixième album, The Inspector Cluzo propose des chansons qui défendent leurs valeurs. En qualité de fermiers, ils vivent avec le respect de la Terre et des Hommes qui la travaillent. Logique que l’album s’ouvre avec un titre comme « A Man Outstanding in his field » et que « We the People of the Soil » donne son nom à l’album ; un hommage vibrant aux amis qui respectent et vivent de la Terre : Alain, Colette, Jakez, Daniel… Dans la continuité de chansons comme « Trader Forever », « GMO and Pesticides », « Move over Monsanto » les Cluzo rejettent toujours le néo-colonialisme des multinationales qui ruinent les paysans et appauvrissent les terres avec des chansons comme « Pressure on Mada Lands », « Globalisation Blues » et la malédiction funeste qui rend les terres infertiles que chante « The Sand Preacher » et s’achève sur un cri solitaire. Droits dans leur bottes, lou capet sur la tête, nos Gascons sont connus pour leur franc-parler et leur intégrité qu’ils rappellent sur « No Deal at the Crossroad ». Mais ce sont surtout des Rockers profondément philanthropes qui croient en la tolérance, l’ouverture d’esprit où malgré nos différences, nous sommes identiques et notre richesse demeure dans le métissage culturel : « It’s our difference that brings us together » chante Laurent sur « Cultural Misanderstanding ». Aussi, sur « Ideologies » ils nous invitent être humble et à revoir nos idéaux car « Nothing is engraved in stone ». Pour clôturer l’album anniversaire de leurs dix années de carrière, ils nous offrent « The Brothers in ideal », une chanson pleine de nostalgie et d’humilité sur le chemin parcourus depuis Math sup : le sillon quoi ! Un très beau morceau avec des arrangements feutrés qui restitue cette confidence. Lorsqu’ils ont mixé Rockfarmers avec Vance Powell, ce dernier leur a proposé de produire leur prochain album, ce sixième album. Il a senti leur attachement à la Terre, their Root’s spirit ! Et force est de constater la richesse de la palette sonore de We the People of the Soil et l’évolution musicale du groupe avec un son très 70’s sur les morceaux Rock et un magnifique dépouillement sur les morceaux folk avec des mélodies en fingers-picking et souvent une introduction en parlé/chanté comme sur le superbe « Little Girl & The Whislin’ Train ». Sans oublier quelques invités, des featuring… Sur « The Best », Laurent chante en compagnie de Marianne Dissard. Si vous connaissez le groupe d’Arizona, Calexico et la version française de « The Ballad of Cable Hoble », vous devriez vous souvenir d’une voix féminine et bien cette voix, c’est Marianne Dissard. Voilà ! Et sur « Pressure on Mada Lands » nous avons droit à un duel de guitares entre Laurent et le jeune Tyler Bryant.
C’est un joli cadeau d’anniversaire que The Inspector Cluzo offre à ses fans. Dix belles années d’amitié, de rigolades, d’échanges, de concerts, de Mathieu sur la grosse caisse, de tsunami sur scène et de Rock joué à 4 mains. Je ne suis pas pressé mais j’espère écrire la chronique pour l’album des 20 ans qui sera probablement encore plus Root’s, Blues, et profondément enraciné dans la Terre. Love Mates.
Vincent GILOT aka Le Guise
25 juillet 2018