Orval Carlos Sibelius

Super forma

2013


01. Sonho de Songes
02. Desintegração
03. Asteroids
04. Spinning Around
05. Super Data
06. Bells
07. Archipel Celesta
08. Cafuron
09. Huong
10. Good Remake
11. Burundi

Mon pote le Directeur la nomme « une truite ». Quitte à être considéré comme un pécheur, quand j’ai une gaule je préfère la mettre entre des mains féminines. Je n’ai jamais eu la patience de rester des heures durant le cul dans l’herbe, surtout pour attendre qu’un hypothétique poisson plus crétin qu’un autre vienne mordre à l’hameçon. Une truite, franchement c’est pousser un peu loin le bouchon de la métaphore. Moi, je demande simplement « UN ORVAL ». Je n’ai pas l’âme à la rhétorique quand j’ai soif. Je ne sais pas vous, mais moi je suis en super forme. Une excellente bière trappiste à l’amertume si particulière pour s’enivrer et un disque magnifique qui nous emporte dans un voyage onirique et spatio-temporel. Deux Orval pour le même prix.

Je bois une gorgée de ma trappiste en écrivant sur mon Moleskine les sensations que j’éprouve à l’écoute de Super Forma de Orval Carlos Sibelius. La plume glisse sur le papier ivoire en traçant son chemin noir. Ce génial musicien élabore un stupéfiant puzzle musical composé d’influences diverses et extrêmes qui se télescopent pour créer un kaléidoscope halluciné. Où est mon buvard ? Orval Carlos Sibelius explose les frontières et explore l’espace musical qui s’étend à l’infini comme le « A » éthéré de la mélopée de « Sonho de Songes ». Un voyage onirique en compagnie du marchant de sable de courte durée. La Pop Psychédélique de « Desintegração » fausse les pistes. Dans ses dédales nous croisons des riffs fantomatiques de Syd Barrett. Un single que Joe Boyd aurait produit les yeux fermés en 1968. Pas le temps d’attendre la remontée d’acide que les vagues déferlent sur la plage d’ « Asteroids ». Les guitares Surf Rock swinguent et nous emportent dans des nouveaux paysages soniques où la Pop aérienne de « Spinning Round » mêle la World music aux influences de Tubular Bells de Mike Oldfield. Fermons les yeux et laissons-nous emporter par sa mélodie hypnotique. Comme sur « Super Data » qui démarre avec un gros riff de guitare pour ensuite enchainer sur une mélodie répétitive de guitare puis de clavier qui donne à l’ensemble l’impression de nous embarquer dans une bande originale entre Ennio Morricone et François de Roubaix. Je suis littéralement subjugué par la puissance de « Archipel Celesta » où j’ai l’impression d’émerger dans une fumerie de Saïgon en compagnie de Thom Yorke. Ou bien suis-je en compagnie de moines tibétains ? Je ne sais plus, j’ai perdu mes repères. Les anges ne sont pas loin, je les entends jouer de la lyre. Quand soudain la guitare basse balance un gros groove, alors je me relève et danse comme un derviche tourneur. Mon esprit se noie dans les flots de guitares stridentes. « Good Remake » possède les caractéristiques d’un single Pop en puissance avec sa mélodie accrocheuse et son chant aérien. Orval Carlos Sibelius ferme le bal avec un « Burundi » ensorcelé où s’invite pour une expérience de 15 minutes, musique tribale africaine et Krautrock hypnotique. Nous comprenons mieux le qualificatif de magicien donné à Stéphane Laporte pour son travail de mixage.

Axel Monneau aka Orval Carlos Sibelius, en vrai orfèvre, signe avec Super Forma un bijou hallucinant qui va enrichir la collection des albums inclassables comme Spirit of Eden de Talk Talk. Les musiques de Super forma possèdent le pouvoir de nous envouter et nous emporter dans des contrées imaginaires dont les sonorités nous semblent bizarrement familières. Nous sommes enivrés par la richesse de ce kaléidoscope. Un superbe album, rare et logiquement indispensable.

Vincent GILOT aka Le Guise
4 octobre 2013