Ed Wood Jr.

Silence

2012

http://www.edwoodjr.fr

01. Maila Nurmi
02. Minitel
03. Babtrip
04. Theme 0
05. IVCV
06. Interlude
07. Walkwoman
08. It in Ut
09. Oktobre
10. Quincunx
11. Glulisine

Le silence est effrayant comme la mort, le néant. Sa recherche peut tourner au cauchemar et devenir une expérience véritablement angoissante. Des ricanements ? Pourtant, parfaitement isolé de toute pollution sonore dans une sorte de chambre à vide, où des industriels testent plus volontiers l’aérodynamisme, vous comprendrez l’origine de cette crainte. La porte se ferme, plus un bruit ! Nous pensons que le silence se créé. Impression fugitive bientôt perturbée par des sons de plus en plus bruyants composés de bruits étranges de tuyauteries stomacales, de beats de machinerie cardiaque noyés dans des loops de flux sanguins. Le cyclone respiratoire nous envahi. Ce brouhaha inquiétant c’est la découverte acoustique de notre propre existence, de la vie. Une vie dont le destin ne tient qu’… Aaaaaaaaah ! Dans le faisceau des phrases qui inondent les ténèbres de cette route de forêt d’une blancheur rassurante, surgit un cerf. Impression rétinienne fugace, messages nerveux vers le cortex, fonction réflexe ! Klaxon, frein, crispation, embardée, perte du contrôle de véhicule ? Bienvenue dans le nouvel album d’Ed Wood Jr, un voyage musical, énigmatique et insolite entre lumière et obscurité, vie et néant, bruit et silence.

La rythmique tribale de « Maila Nurmi » réveille les morts vivants de « Plan 9 from Outerspace ». Mais ici, pas de faux raccords et d’approximations pour Ed Wood Jr. qui dans une ambiance hypnotique nous invite à la danse. Le duo arrive à créer un maelström sonore composé de clavier vintage, guitares acérées et batterie puissante grâce à une maitrise des samples, des loops et des breaks. La goule se planque dans le coin obscur de la pièce. Elle tape sur un petit clavier poussiéreux le code magique 3615 EDWOODJR. « Minitel » navigue sur un océan placide de beats électro minimalistes soutenu par un jeu de batterie impeccable. Malgré ces sonorités électroniques, Ed Wood Jr. n’oubli pas d’hurler de plaisir et de pousser la mécanique Hard-Core comme sur « Bab Trip », « IVCV » ou « Oktobre ». La mort pointe le bout de son nez avec Charles Bukowski. « Shit and death is everywhere ! » scande le vieux dégueulasse sur la bande son d’un « Theme 0 » très créatif et abouti. Il laisse place au code énigmatique « IVCV ». En effet, chiffres romains et abréviations se mêlent malicieusement pour désigner la voiture qui illustre leur photo promo : la célèbre quatre chevaux de Renault. En bagnole Simone, Accroche-toi. La bagnole fonce accompagnée par des riffs accrocheurs. Nous avalons le bitume, sur la vitre s’écrasent les lucioles minimalistes des claviers. En guise, d’« Interlude » nous sommes plongés dans une atmosphère angoissante : Artefacts, bruits inquiétants d’un téléviseur qui grésille et lames de planchers qui grincent. Enchaînement parfait dans une augmentation de l’effet Doppler pour annoncer « Walkwoman ». « Where are you walking ? ». Elle ne se retourne même pas, imperturbable et superbe, elle glisse un pas de danse sur le riff funky puis disparaît dans les évanescences électriques. Bien décidé à ne pas laisser à Vivaldi l’excellence des musiques de saison, Ed Wood Jr souffle le vent ténébreux d’un « Oktobre » plaintif et nerveux, qui nous enveloppe dans un nuage synthétique lourd et froid.

Ed Wood Jr a réussi la gageure de créer une pièce sonore à l’alchimie complexe entre les guitares aux arpèges Jazzy et une batterie énervée très technique. Nous sommes hypnotisés par ce Silence imprévisible où la violence trop longtemps retenue, explose, nous rentre dans les « trip » et chut(e) !

Vincent GILOT aka Le Guise
23 Septembre 2012