Vautré dans le canapé, les doigts de pied en éventail sur une table basse bordélique et gluante ; théâtre d’un épique combat éthylico-nocturne composé de canettes à moitié vide de bière ou à moitié pleine de mégots embourbés dans une mer visqueuse de lager cendrée. Gérard, l’œil aussi vif qu’un basset artésien sous Lexomil, épluche La voix des anges, le torche-cul des grenouilles de bénitiers de la paroisse de Saint-Glin-Glin-sur-Sambre. Nous percevons quelques gloussements crétins ; Gérard s’adonne à sa passion dominicale, la lecture à voix haute commentée de l’édito apocalyptique de l’Abbé Nédictine. Le VRP du seigneur tente de protéger ses dernières ouailles d’un mal diabolique qui se nomme Radical Suckers. Je cite afin de vous épargner d’entendre Gérard ânonner ce galimatias qui rendrait le discours de la pythie compréhensible.
« … Ce disque contient des gros mots d’une vulgarité stupéfiante. ».
- Tu m’étonnes Elton ! Stupéfiante … Hum, où sont mes feuilles ?
« C’est une invitation à la débauche sexuelle et l’addiction aux drogues »
- Les filles de la chorale vont mouiller leur petite culotte.
« Benoît XVI et son équipe vous averti que l’écoute de ce brouhaha punkoïde est à vos risques et périls. »
- Dans ce cas, monte le son !
Merci beaucoup Gérard pour ces commentaires pertinents et passionnants. Laissons-le se remettre doucement de sa nuit difficile. Il fait les postes, ah, ah, ah, hum. Pendant ce temps, je vais vous parler du premier EP enregistré par ces sales gamins de Radical Suckers. Force est de constater un travail d’écriture riche et imagé, indissociable du support linguistique du Harrap’s version Slang. En effet, en 17 minutes et cinq titres sulfureux nous avons le meilleur condensé de goujateries et d’obscénités. Bien évidemment, mon éducation chrétienne très peu laxiste m’interdit de vous citer des mots tels que fuck, suck, shit, dick, pussy, bastard, blow, ass… Aaaah putain de bordel de merde de bite à cul ! Je suis sincèrement désolé, mes paroles ont dépassé ma pensée.
Radical Suckers suivent à la lettre le credo du Rocker prosélyte qui se respecte : Sex, Drug & Rock’n’Roll. La Sainte Trinité relue et amplifiée par Saint-Marshall. Avec la puissance d’un uppercut, « Bomber » nous explose à la gueule. Sa basse Heavy et son chant presque Hip Hop le rapprocherait de Bodycount. Si ça swingue dans la chaumière ? Rien d’étonnant, Radical Suckers avec « Funny Time » nous invitent à une petite sauterie sans prétention, en toute simplicité, entre amis CBGB plus que BCBG. Si vous voyez ce que je veux dire ! Un tantinet éméché, à peine défoncé et une fille dans chaque bras, nous découvrons un « Blow » calme et moralisateur. Le cri de ralliement « Let’s go fucker » d’un « Fight to Fire » joué pied-au-plancher nous invite à passer à la vitesse supérieure. Reste pas là, bouge ton cul ! Echauffement indispensable pour prendre sa caisse puis tailler la route, en écoutant « Love Motel » à fond ! Ce dernier titre simple et terriblement efficace fait vibrer les strings. Ca va chauffer pour ton petit cul bébé !
Il faut admettre que les Radical Suckers se sont surpassés. Ils nous offrent un échantillon explosif de ce qu’ils sont capables de créer en concert. Des morceaux basiques et énergiques entre Hard et Punk qui redonnent aux soli de guitare leurs lettres de noblesse. Les Radical Suckers sont les enfants de Lemmy biberonnés par Sid Vicious. Sans ambages, ils nous balancent, leur plaidoyer Punk Rock. Cinq titres délivrés dans l’urgence, sans débander ; comme si le temps était compté, qu’après devient logiquement trop tard.
Vincent GILOT aka Le Guise
21 Novembre 2011