Noyée dans une haie trop haute et des liserons, la boîte aux lettres verte paraît bien camouflée comme si elle voulait jouer à cache-cache. Je l’ouvre. Sa cachette
n’aura pas résistée à la perspicacité du facteur. C’est une corne d’abondance : factures malheureusement, opérations commerciales énormément, une erreur de
distribution comme trop souvent et une pochette énigmatique. Le son du maquis ! Ces bulles, qui claquent sous la pression de l’ongle, protègent un disque. Ghost
Healers’ Fascinating Box de Dona Confuse. She is confused. I am dazed ! Le deuxième album des Toulousains ressemble à un étrange voyage introspectif, profond et
cérébral. Ils explorent notre inconscient au scalpel dans un univers musical, expérimental et bruitiste, proche du Rock progressif de Pink Floyd où s’invite le
Kid A de Radiohead pour créer cette atmosphère ténébreuse et angoissante. Le spleen est là.
Une vibration, un beat, une mélopée pythiesque semblent se frayer un chemin tortueux des profondeurs pour exploser à la surface et laisser place à un air folk
psychédélique qui n’est pas sans rappeler The Brian Jonestown Massacre. Dès l’introduction nous sommes plongés dans une des multiples références floydiennes de
Ghost Healers’ Fascinating Box. Il y a dans ce « 3200 ISO », une impression surexposée d’espace insondable et désertique. Paris-Texas.
L’atmosphère qui se dégage de « Echoes from the Fascinating Box » ressemble étrangement au discours soporifique d’un professeur. Chaques secondes de
lutte contre cette torpeur quasi hypnotique s’étendent à l’infini. Elle résonne encore sur un « Ordinary Death » dont la guitare semble influencée par
Slint. Puis soudain, wake-up ! Le clavier et les snapfingers d’un « Here », où plane l’ombre d’Archive, nous sort de notre léthargie. « Here »
coincé entre une vie et une mort à priori ordinaire nous invite par son rythme chaud à une danse enivrée. Le tourbillon de la vie. Mais nous retombons vite dans un
vide abyssal avec « Ghost Healers » et « White & Hot ». La voix s’efface, sur « Blue Baritone » et « Farniente Coffee » il ne reste que
des pulsations, des chuintements et des beat électro qui procurent à l’ensemble une dimension spatiale, froide et inquiétante.
Etes-vous prêt à passer au-delà du miroir ?
Vincent GILOT aka Le Guise
18 juin 2011