Captain Boogie

2009

http://www.tropicbluesband.com

01. Captain Boogie
02. Hippidy Hop
03. Disco d'Inferno
04. Bang your Head
05. Goddamn Blues
06. Ooh
07. Cock-a-Doodle-Do
08. Those Dicks
09. I'm Gonna Try
10. Think it Over
11. I Dig you Much and More
12. Baby Sue

Pour leur deuxième album notre power trio liégeois nous offre le « comics » déjanté d’un super héros encore inconnu des studios Marvell : Captain Boogie. Le teint glauque, l’œil vitreux et lubrique, j’imagine Captain Boogie comme le résultat d’une expérience du Dr. Frankenstein après qu’il a écouté « Gangrene Blues ». Imaginez la fusion entre Cobra, le Professeur Choron et Gainsbarre, qui baigneraient dans un bocal de Jack Daniel’s et de stupre à défaut de formol ! I Want Him Evil ! Pour ce pirate-Rock, il n’est pas question de voler au secours de la veuve sans l’avoir baisée ; quant à l’orphelin mieux vaux qu’il la boucle s’il ne veut pas s’prendre une mandale.

Musicalement, cet opus s’avère moins accessible que Hellelujah. En effet, nos lascars se sont écartés du chemin Boogie Blues pour s’aventurer vers celui d’un Melting-Rock plus expérimental où se rencontre Punk, Rock Fusion et Blues. Mais après plusieurs écoutes, force est de constater que cette diversité matérialise le ciment d’un album plus riche, imaginatif, spontané et forcément moins consensuel.

Ce disque offre un son brut assez proche des prestations live du combo, avec des chansons speedées aux guitares stridentes. Lors d’un concert en juin 2008, Devil d’Inferno m’avait annoncé qu’il avait presque terminé l’enregistrement de leur nouvel album. Et si ma mémoire ne se barre pas en couille, les Tropics jouaient déjà « Hippidy Hop ». Probablement que certaines chansons ont été testées en Live pour obtenir cette authenticité ! Aujourd’hui, ils nous invitent pour une virée cauchemardesque dans un club où se joue le « Disco D’Inferno », avec un screaming-Sax au bord de l’apoplexie. L’auditeur averti remarquera que Dirty Wolf s’est entiché d’une basse sur plusieurs morceaux. « Bang Your Head » représente probablement le titre le plus inattendu et stupéfiant de l’album. Un titre fusion, au chant rappé et guitares hyper saturées, dans la veine de Rage Against The Machine ou bien Body Count. Le glou-glou d’un verre de whisky lance le « Goddamn Blues », où Dirty Wolf excelle dans ce style de chanson narrée avec sa voix rauque et crade d’outre-tombe. Un blues habité et torturé qui n’est pas loin du « Blues de la poisse » de Roger Mason. Mais ici, ce serait plutôt un Blues de la loose qui sent le caca d’une fin de soirée beaucoup trop arrosée lorsque le corps s’oublie. Sur « Ooh » en moins de deux minutes trente, la messe est dite. Un tsunami de guitares à l’énergie Punk et au son Métal, soutenu par une chorale de pochetrons à la Arno pour un titre super efficace. « Cock-a-Doodle-do » n’a rien à voir avec le « Poulailler song » de Souchon, ni avec « La danse des canards ». La dessus pas d’erreur ! Mais les plumes volent et ça caquette dans tous les sens. Un Blues rural qui donne envie de se déhancher et de remuer le popotin comme les Soggy Bottom Boys. Sur le lubrique « Those Dicks », nous retrouvons l’efficacité des Tropics, c’est-à-dire, ce chant à deux voix. Un éternel combat entre la voix douce de l’Ange blond en duo avec celle caverneuse de Dirty Wolf. « I’m Gonna Try » m’a directement mis les sens en éveil. Une chanson purement dans la veine Orange de Jon Spencer Blues Explosion avec son riff hypnotique et une saturation probablement insupportable pour ceux qui sont allergiques aux crissements de la craie sur le tableau noir. Sur le premier album notre trio nous offrait une reprise plus qu’étonnante de « Garbage Man ». Ici, il s’agit d’une version très garage de « Think it Over » de Buddy Holly. Nous retrouvons toute l’énergie Dirty Blues légendaire de nos trois lascars sur « I Dig You Much and More ». Rester statique sur ce titre demeure un exercice de style réservé aux sourds ou bien aux Bouddhistes. L’album se clôture sur une déclaration d’amour à une certaine « Baby Sue ». Un final Rha lovely que ne se serait pas autorisé Buddy !

The Experimental Tropic Blues Band ont réalisé un excellent album Rock’n’Roll au sens noble et large du terme. Ne se privant pas de s’écarter de la ligne blanche, ils nous offrent quelques morceaux qui peuvent étonner à la première écoute mais qui risqueront de devenir des références lors de leurs prochains concerts.

Vincent GILOT aka Le Guise
31 Mai 2009