Andre Williams @ Charlatan Cafe
w/ Boogie Beasts, Becky Lee & Drunkfoot

7 Novembre 2013, Gant (B)

Pendant des années, les Lillois les plus souples ont emprunté l’E17 afin de danser dans les boîtes à Gand. Ca doit être exigu, non ? Quelle idée ! Gand. Flâner sur les quais et sa vieille ville, manger de grosses frites et boire une bonne pression dans un bar à proximité du marché aux poissons. Ce qui nous amène à franchir la frontière ce soir se nomme un phénomène. Alors qu’il vient juste de fêter ses 77 ans, The Black Godfather, Andre Williams s’offre une virée d’une petite dizaine de date en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique, avec un crochet par le Charlatan à Gand. Ce bar possède une atmosphère qui ne trompe pas. Un long comptoir légèrement éclairé par un luminaire composé de bougies qui accueille la valse des ‘pintje’ ! Un vieux planché usé d’avoir été foulé par des tribus de Rockers. It’s the place to be !

Honneur aux dames. Becky Lee & Drunkfoot ouvre le bal. Un fait assez rare dans le circuit blues pour être souligné. En effet, le belle Becky Lee est LA one-woman-band du label Voodoo Rhythm Records du Reverend Beat-man. L’américaine a charmé The Legendary Tigerman puisque nous la retrouvons sur l’album Femina où elle interprète « Old Fashioned Man ». Chanson qui figure également sur son nouvel album One Take Session. Elle se distingue par un style particulier. En effet, elle chante, joue de la guitare, percute et tient une baguette dans sa main droite pour frapper un tom.

Alors que les rapports tendus entre les communautés flamandes et wallones défrayent les chroniques depuis plusieurs années, Boogie Beasts se pose comme le meilleur contre exemple de cette dérive communautariste. En effet, le groupe se compose de Jan Jaspers (Guitare/chant) et Gert Servaes (Batterie) des Voodoo Boogie de la province du Limbourg et de Mathias Dalle (Guitare/chant) et Fabian Bennardo (Harmonica) de Stinky Lou & The Goon Mat de la province de Liège. Et oui en Belgique, c’est la magie et la force du Blues qui fait l’union. Le quatuor m’avait déjà séduit avec leur reprise hypnotique de « Goin’ Down South » de R.L. Burnside. Sur scène nous retrouvons des morceaux issues de la fusion des deux groupes dont « Talking Man » ou la version un peu disco de « I Don’t Treat You Right ». Un concert évidemment très Boogie Blues en espérant que cette nouvelle configuration invite le groupe à plus de folie et d’audace dans un Blues encore plus Dirty et Garage comme avec la reprise de « Honey White » de Morphine.

Serré contre la scène avec peu de liberté de manœuvre, je comprends facilement que la salle du Charlatan est pleine à craquer, le minimum pour accueillir dignement Mr. Rhythm. The Goldstars accompagne Andre Williams pour cette tournée. Un groupe composé de musiciens talentueux de la scène de Chicago. Ces derniers commencent à jouer pour chauffer la salle qui s’impatiente d’écouter The Black Godfather. Celui-ci arrive tranquillement, sapé comme un dandy dans un complet rouge jusqu’aux pompes avec le bitos de travers et le sourire aux lèvres. Il a la classe ! A peine arrivé sur scène, il chope le micro et balance des hits de l’album de la résurrection Silky. Il commence par « Agile, Mobile and Hostile » suivi de « Car with the Star » plus connu sous le nom de Bad Motherfucker puis « I wanna be your favorite pair of pajamas ». Ca chauffe au Charlatan ! Après avoir déclaré cinq fois de suite son amour au public avec de chaleureux I Love you, la légende du Rhythm & Blues se déleste de sa veste et son chapeau qui se retrouvent pendus au pied de micro, il desserre sa cravate pour interpréter avec la grande classe d’un crooner, un « I Can Tell » puissant, ensorcelant et suave à vous décrocher une larme ou bien faire fondre la moitié de la banquise. Même si l’animal, après des années d’excès, tourne à l’eau minérale, il a conservé le regard de charmeur qui possède le pouvoir de coller les strings au plafond. Les Chattes miaulent dans le public. The Bad Motherfucker is back in town. Le temps de faire une pause dans sa loge, Andre Williams revient avec une nouvelle veste superbement fleurie à rendre vert de jalousie Ruben Block. Il continu son show avec « Let me put it in ». Inutile que je vous fasse un dessin ! Il chauffe les demoiselles, même Becky Lee qui a largement dépassé le niveau du Drunkfoot a répondu présente au chant des sirènes. Un verre de Chimay a la main, son visage dessine le sourire niaiseux de celle qui va se réveiller avec une douffe. Nom di Dom quand on vient de l’Arizona, vaux mieux se contenter de boire des pils afin d’éviter de passer pour une saoulée. Alors qu’elle veut s’emparer du micron Jason le guitariste tatoué lui fait comprendre que ce n’est pas une bonne idée ! Le concert s’achève sur « Pussy Stank » puis un rappel avec « Mustang Sally » suivi d’un morceau qu’Andre Williams a co-écrit en 1963, rendu célèbre pour sa reprise par Ray Charles dans le film The Blues Brothers, l’énorme « Shake the Tail Feather ». A 77 ans Mr. Rhythm tient toujours la baraque. Pas besoin de déambulateur quand on est porté par le respect et la ferveur du public. La musique et la scène : un élixir de jeunesse !

Vincent GILOT aka Le Guise
20 Novembre 2013


Tracks list

Agile, Mobile and Hostile
Car with the Star
I wanna be your favorite Pair of Pajama
I Can Tell
Bacon Fat
Lily White Mama & Jet Black Daddy
Humpin' Bumpin' and Thumbin'
Pray for your Daughter
Let me Put it in
Pussy Stank
She's a Bag of Potato Chips
Mustang Sally
Shake a Tail Feather

Becky Lee & Drunkfoot



Boogie Beasts





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